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Comprendre l’échelle des stratégies inconscientes : un voyage vers l’intégration

Nous sommes constamment confrontés à des problèmes émotionnels et psychologiques dans notre quotidien. Afin de faire face à ces situations, nous mettons en œuvre, non consciemment, des stratégies pour les gérer. Ces stratégies s’effectuent à l’aide d’une échelle de six étapes, de l’anesthésie (une forme de distance émotionnelle) à l’intégration (un état d’acceptation et de clarté). Ces étapes ne sont pas linéaires : nous les traversons fréquemment, avançant ou reculant en fonction de nos expériences. Cet article explore de manière accessible et concrète ces six niveaux.

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1. L’anesthésie : s’isoler afin de survivre

Lorsque la souffrance devient insupportable, notre esprit se met en pause. La réponse naturelle à un choc intense est l’anesthésie. Nous nous « éteignons » afin de nous préserver.  À ce niveau, nous avons du mal à ressentir quoi que ce soit, ni joie, ni tristesse.

Exemple : Une personne vivant une rupture difficile peut adopter le rôle de « caché inerte ». Elle se montre passive, évitant les échanges afin de ne plus éprouver de douleur. Lorsqu’elle retrouve un peu d’énergie, elle pourrait devenir un « caché pleurnichard », se plaignant des injustices, tout en évitant de parler de ses blessures à autrui. Enfin, elle pourrait se transformer en un « caché Saint-Bernard », qui aide les autres afin d’éviter de voir sa propre souffrance.

Ces « personnages » témoignent de notre volonté inconsciente de sortir de l’anesthésie, tout en réduisant au minimum les dangers.

2. La révolte : la colère éclate

Lorsque l’injustice devient trop importante, la colère se manifeste. À mesure que nous émergeons de l’anesthésie, une colère latente peut apparaître. C’est une révolte contre la douleur, contre les circonstances, voire contre nous-mêmes.

Au début, cette colère peut se manifester de manière passive-agressive, comme chez le « destructeur sympa », qui utilise l’humour mordant pour exprimer son mal-être. Ensuite, elle devient plus explicite, avec des explosions émotionnelles, mais souvent non dirigées, comme chez le « destructeur explosif ». Enfin, le « destructeur bazooka » utilise sa colère comme une arme, s’attaquant directement aux autres pour se protéger de ses propres failles.

La révolte est une étape cruciale : elle construit l’égo, un bouclier temporaire nécessaire pour affronter le monde et passer au niveau suivant.

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3. L’intérêt : redécouvrir le monde

Lorsque l’intérêt est de retour, le monde retrouve des couleurs. Après avoir été en colère, il est possible de sortir de la peur et de retrouver des centres d’intérêts, renouant ainsi progressivement avec la vie. On se transforme en spectateurs, puis en acteurs.

Celui qui est « sans intérêt » observe le monde sans s’impliquer beaucoup, mais commence à ressentir à nouveau. Ensuite, ce qui manifeste un « intérêt pour l’inertie » recherche des plaisirs simples et réconfortants, tout en évitant le changement pour rester dans une routine sécurisante.

Puis, « l’intérêt à condition » émerge: on devient créatif, motivé, mais parfois avec des objectifs égoïstes ou opportunistes. Enfin, nous accédons à un état de « passion », où notre investissement est total, mais peut être excessif, car motivé par un besoin de combler un vide intérieur, comme c’est le cas de tout les stades de cette étape.

4. La déprime : le passage à vide

Quand les illusions s’effondrent, le vide s’impose. La passion, bien que énergisante, peut mener à une désillusion : elle ne comble pas nos attentes profondes. La déprime suit souvent, marquée par un sentiment de vide et de perte de sens.

Bien que douloureuse, cette étape est essentielle : elle nous pousse à abandonner nos illusions, nos masques et notre égo. C’est une chance de revenir à nous-mêmes, de nous voir tels que nous sommes, sans artifice.

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5. La réflexion : se découvrir

Au moment où notre regard se tourne vers l’intérieur, le travail réel débute. Dans cette situation, nous gagnons une nouvelle lucidité : nous percevons nos comportements, nos « personnages » et leurs limites. Cette étape peut être déstabilisante, car elle nous confronte à nos insécurités.

Mais si nous persévérons, nous apprenons à nous accepter tels que nous sommes. Cette acceptation ouvre la voie à une transformation en profondeur.

6. L’intégration : accueillir la vie

Quand l’acceptation remplace le jugement, la sérénité s’installe.

L’intégration est l’étape ultime, où nous accueillons non seulement nos forces, mais aussi nos faiblesses. En nous acceptant nous-mêmes, nous devenons capables de voir et d’accueillir les autres sans attentes ni jugements.

Ce niveau se manifeste par une attention « avec de moins en moins de conditions », une ouverture progressive à toutes les situations. Notre conscience, notre bienveillance et notre aptitude à vivre en harmonie avec notre environnement s’accroissent.

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Tout cela est un processus en constante évolution. Ces six étapes ne forment pas une voie unique ou permanente. Nous évoluons constamment entre elles, selon nos expériences et nos obstacles. Chaque descente dans les niveaux inférieurs est une opportunité de remonter, avec plus de conscience et d’ouverture. En outre, nous pouvons nous situer simultanément à différents endroits de cette échelle, en fonction des situations. Par exemple, avec ma mère je peux être plutôt un « caché Saint-Bernard », avec une ex un « destructeur bazooka » et avec ma femme être dans « l’acceptation sans condition » laughing.

En quoi cette échelle est importante ?

Elle nous aide à comprendre nos comportements et ceux des autres. En identifiant où nous sommes sur cette échelle, nous pouvons agir avec plus de bienveillance et avancer vers plus d’intégration et de sérénité.

Et vous ? À quel niveau vous sentez-vous aujourd’hui ?